« Lim Jason, né le 30 décembre 1991 à 23 h 56. Lim Aaron né le 1 janvier 1992 à 00 h 07 »
Les deux bambins, né à une année d'écart, mais en réalité à seulement quelques minutes, poussent des cris. Cris de joie d'être sortis ? Cris de peur ? Toujours est-il qu'a peine poser l'un à côté de l'autre dans leur berceau, les deux nouveaux nés s'endormirent aussitôt. Dans la minute qui suivit, comme si elle n'attendait que ça pour s'endormir à jamais, leur mère ferma aussi les yeux. Elle était bien trop faible pour donner naissance à des jumeaux, et les circonstances de l'accouchement n'avait pas été facile, loin de là. C'était trop pour la jeune mère, qui laissa deux enfants et un mari derrière elle.
Le mari, militaire dans l'âme se retrouva donc avec deux enfants sur les bras, alors qu'il ne savait rien de comment s'en occuper correctement. C'était limite s'il ne cherchait pas le mode d'emplois. Mais le jeune papa réussit à s'en sortir troquant les combats sur le terrain pour celui d'entraîneurs des nouvelles recrues.
« Jason, Jason ! Viens ! Papa nous a dit oui pour regarder l'entraînement aujourd'hui ! »
Du haut de ces cinq ans, Aaron tire son aîné vers l'endroit où sont entraîné les recrues américaines. Leur père les a autoriser exceptionnellement à venir voir l'entraînement sur la journée, à condition que les jumeaux soient sages. C'est bien connus, les deux petits hommes de la famille Lim sont de véritables anges. Alors, lui et Jason, restèrent sage comme des images, ne faisant que reproduire les gestes des adultes, faisant les exercices en rigolant... C'était comme ça chaque journée et chaque journée les soldats fondaient devant la bouille des frères.
Leur père, lui, était plus que fier d'eux. Certes se n'était pas forcément l'enfance dont tout enfant rêverait, mais les deux gamins étaient équilibrés, heureux et surtout en excellente forme physique. Il faut dire que grandir en essayant d'imiter les adultes pendant leur formation, ça aide beaucoup. Les deux garçons, n'avaient vraiment pas une enfance comme les autres. Ici, l'école se faisait à la maison, par leur père, leur façons de s'amuser c'était de courir aussi longtemps qu'ils le pouvaient et de s'arrêter à bouts de souffles sur le sol. Que ce soit à cinq ou à dix ans.
« Les garçons... Je dois vous parlez. »
Aaron et Jason se tiennent face à leur père, inquiets. Dire qu'ils avaient un mauvais pressentiment tous les deux seraient mentir, mais les adolescents ne s'attendaient pas à cette nouvelle. Ils s'en seraient bien passé même mais malgré tout, leur père venait bel et bien de leur dire qu'il allait partir. Partir sur le terrain à nouveau, parce que maintenant, ils étaient assez vieux pour se gérer seul. A quinze ans, les deux plus jeunes Lim étaient plus qu'autonomes après tout.
C'est la mort dans l'âme que les deux garçons ont préparé les affaires de leur père, ne voulant pas le laisser partir mais comprenant qu'il le fallait. C'était la première fois depuis leur naissance qu'ils se retrouvaient seuls, seulement entre eux d'eux. Certes, ils étaient toujours à la caserne où ils avaient grandis, ensemble, mais comparé à avant, il manquait un élément essentiel.
« Aaron... Il... Il n'est plus là. Il... Il... Il est- »
« Ta gueule ! Je t'interdis de dire ça ! Je ne veux pas savoir ! »
Aaron se contente de crier contre son frère, sans chercher à comprendre. Il ne veut pas que Jason prononce ces mots. Plus que tout, il ne veut pas admettre la vérité. Il ne veux pas intégrer le fait que son père ne reviendra jamais. Qu'ils sont seuls, maintenant. Seulement lui et Jason.
Ce soir là, Aaron est parti en claquant la porte, laissant son frère seul. Pour la première fois, il ne voulait pas le voir. Pour la première fois, sa présence le rendait fou. Parce qu'il avait raison, parce que lui arrivait à accepter... Il ne savait pas vraiment pourquoi mais il avait besoin de partir, de courir, de se changer les idées. Il avait besoin de partir loin. Et c'est ce qu'il fit, deux mois plus tard quand il partit en Corée, le pays d'origine de son père et de sa mère. Il ne pouvait plus supporter l'Amérique qui lui rappelait bien trop son père.
« Tu viendras me vois malgré tout ? Pas vrai ? »
« Pour rien au monde, je ne te laisserais... Petit frère ! »
Jason dit au revoir une dernière fois à Aaron, lui rappelant une énième fois sa supériorité sur lui, de quelques minutes seulement. Puis l'avion décolle et Aaron part définitivement. L'Amérique est une période révolue pour lui. Dès qu'il pose le pied en Corée, le jeune homme part s'engager dans l'armée. Il ne sait faire que ça et compte bien se servir de ce pourquoi sont père l'a formé. Ce n'est que quelques temps plus tard que Jason l'a rejoint, faisant bien vite la même chose que lui.
Alors quand la guerre éclate et qu'il est envoyé avec ses camarades de l'Armée de Terre, il fait tout son possible. Tant pour aider les populations que pour les protéger, Aaron s'est donné corps et âmes à cette guerre. Aider de son frère, ils ont toujours tout fait pour ne pas perdre et rester en vie. Des horreurs, ils en ont vu tous les deux.
« Aaron, c'est pour toi. »
On lui tends la lettre qui lui est adressé. Tremblant, il l'ouvre. Jamais personne ne lui a écrit, ça ne peux qu'être une mauvaise nouvelle. Il l'ouvre rapidement, lisant les quelques mots qui sont sur la feuille. Elle tombe au sol.
« Vous êtes donc le frère du père, c'est cela ? »
« Oui, c'est cela. »
Il se trouve devant l'orphelinat ou a été placé la petite. Cette petite fille, qu'il s'apprête à adopter, est la fille de son frère. Frère qui est mort lors des derniers combats. Maintenant, la seule chose qui reste à Aaron de son jumeau, c'est elle. La petite de deux ans et demie qui est orpheline tant de père que de mère. Alors, si il y a bien une chose qu'il peut faire, c'est l'adopter et l'élever du mieux qu'il peut.
« Mr Lim, la voici. »
«Comment elle s'appelle ? »
« Lim Min Na »
La petite dans les bras, Aaron quitte l'orphelinat pour rejoindre le quartier des engagés. C'est là qu'il y a son chez lui. Son chez elle maintenant. Au fond de lui, Aaron se fait la promesse de ne jamais perdre la petite Min Na. Elle lui est déjà bien trop précieuse.